Les Etats-Unis ont annoncé que l'Egypte avait accepté de rouvrir un point de passage frontalier avec Gaza pour y permettre l'acheminement d'aide, alors que la crise humanitaire ne cesse d'empirer dans l'enclave palestinienne, assiégée par Israël, et que des manifestations secouent le Moyen-Orient depuis qu'un hôpital gazaoui a été atteint par une frappe mardi soir. L'explosion de l'hôpital Al-Ahli a alimenté les tensions régionales et les craintes d'un embrasement du conflit, alors que des représentants palestiniens ont déclaré que 471 personnes ont été tuées dans ce qu'ils ont dénoncé comme une frappe israélienne. Israël et les Etats-Unis, leur allié de longue date, ont imputé l'incident à un tir de roquette manqué de combattants palestiniens depuis l'intérieur de Gaza. Ces derniers ont rejeté ces accusations. Via le réseau social X (anciennement Twitter), le porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères a déclaré que le bilan de l'explosion à l'hôpital serait "apparemment de plusieurs dizaines de morts" - soit nettement inférieur au bilan rapporté par les autorités de l'enclave palestinienne. Sur fond de tollé à propos de l'incident, des manifestations secouent depuis lors différents lieux de la région, et au-delà. Des rassemblements ont eu lieu en Cisjordanie occupée, Iran, Jordanie, Liban, ou encore en Tunisie mais aussi à Washington. Les troupes israéliennes ont abattu trois Palestiniens dont deux adolescents au cours des manifestations en Cisjordanie, a rapporté une agence de presse palestinienne, tandis que les forces de sécurité libanaises ont fait usage de gaz lacrymogène et d'un canon à eau pour disperser des manifestants réunis près de l'ambassade américaine et qui lançaient des projectiles. UNE AIDE "DURABLE" PROMISE A bord d'Air Force One qui le ramenait aux Etats-Unis après une visite d'à peine huit heures en Israël, le président américain Joe Biden s'est entretenu mercredi soir par téléphone avec son homologue égyptien Abdel Fattah al Sissi. Il a ensuite indiqué aux journalistes l'accompagnant pour ce déplacement qu'un accord avait été trouvé pour ouvrir le point de passage frontalier de Rafah, dans la péninsule égyptienne du Sinaï, afin de permettre à vingt camions transportant de l'aide humanitaire d'entrer dans Gaza. Alors que l'enclave est sous blocus total et assiégée par des frappes aériennes sans précédent de l'armée israélienne en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre, les quelque 2,3 millions d'habitants manquent cruellement de nourriture, eau, carburant et d'autres produits essentiels. Joe Biden n'a pas précisé quand le passage de Rafah rouvrirait. Un porte-parole de la Maison blanche a indiqué que cela se produirait sous plusieurs jours, une fois des réparations nécessaires apportées à cet axe. En vue de tenter d'éviter un embrasement du conflit, le président américain devait initialement s'entretenir en personne avec son homologue égyptien et d'autres dirigeants arabes. Mais le sommet prévu à Amman dans la foulée de sa visite à Tel-Aviv a été annulé par la Jordanie après la frappe contre l'hôpital. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak est attendu à son tour en Israël ce jeudi, où il présentera ses condoléances pour les pertes civiles en Israël et à Gaza et oeuvrera à une désescalade du conflit, ont indiqué ses services. Si l'accord communiqué par Washington marque une avancée, la quantité d'aide annoncée reste très loin des besoins signalés. Le directeur des affaires humanitaires de l'Onu, Martin Griffiths, a déclaré mercredi devant le Conseil de sécurité que l'objectif onusien était d'avoir une centaine de camions d'aides arriver quotidiennement à Gaza, comme c'était le cas avant le début du conflit. L'Egypte, qui avait indiqué préalablement que le passage de Rafah n'était pas fermé mais inopérable à cause de mesures israéliennes, a fait savoir qu'Abdel Fattah al Sissi et Joe Biden étaient convenus de fournir de l'aide à Gaza de "manière durable" et de coordonner les efforts humanitaires internationaux sous la supervision de l'Onu. "DIGNITÉ FONDAMENTALE DE CHAQUE VIE HUMAINE" Au cours de la visite du président américain, Israël a annoncé qu'il permettrait à de la nourriture, de l'eau et des médicaments d'être livrés dans le sud de la bande de Gaza via l'Egypte. Sous haute pression internationale pour obtenir d'Israël un engagement de préserver le sort des civils de Gaza, Joe Biden a promis aussi une nouvelle aide américaine de 100 millions de dollars pour les Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie occupée. Un conseiller du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré sur CNN que l'Etat hébreu avait accepté de permettre la livraison d'aide à Gaza via l'Egypte "sur le principe". "Nous ne voulons pas voir le Hamas voler cette aide destinée à la population civile", a ajouté Mark Negev. "C'est un vrai problème". Israël a répété qu'une aucune aide ne serait autorisée via sa frontière avec Gaza, au nord de l'enclave, tant que le Hamas n'aura pas libéré les quelque 200 otages enlevés durant l'incursion du 7 octobre dans plusieurs localités israéliennes, qui a fait 1.400 morts. Selon le dernier bilan du ministère de la Santé de Gaza, les frappes israéliennes menées en représailles à l'attaque du Hamas ont fait 3.478 morts et plus de 12.000 blessés. Des quartiers entiers de l'enclave ont été ravagés. Joe Biden a déclaré aux journalistes à bord d'Air Force One qu'il s'était montré franc avec les responsables israéliens sur la nécessité de faciliter la livraison d'aide à Gaza. Il prévoit par ailleurs de transmettre au plus vite au Congrès américain une demande pour une aide supplémentaire et sans précédent de plusieurs milliards de dollars pour Israël - l'absence prolongée d'un 'speaker' à la Chambre des représentants empêche toutefois tout vote pour l'heure. D'après une source au fait de la question, le locataire de la Maison blanche envisage de demander dès vendredi une aide de 10 milliards de dollars pour Israël. A Tel-Aviv, Joe Biden a assuré que les Etats-Unis feraient tout leur possible pour garantir la sécurité d'Israël tout en exhortant les responsables israéliens à ne pas se laisser consumer par la rage, soulignant que la grande majorité des Palestiniens n'étaient pas affiliés au Hamas. "Ce qui nous distingue des terroristes est que nous croyons en la dignité fondamentale de chaque vie humaine", a déclaré le président américain. Si cela n'est pas respecté, "alors les terroristes gagnent", a-t-il ajouté. (Reportage Nidal al-Mughrabi à Gaza, Steve Holland à Tel-Aviv et à bord d'Air Force One, avec la contribution des bureaux de Washington et Jérusalem; rédigé par Jean Terzian)
Accord sur de l'aide à Gaza selon les USA, manifestations dans les pays arabes
information fournie par Reuters 19/10/2023 à 06:41

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